dimanche, décembre 30, 2012

2030 Megatrends & Monthy Python's view on creativity

- Un rapport intéressant sur les grands tendances et ruptures d'ici 2030. A lire !
- John Cleese sur la créativité. Brillant.
   A 10:20, une tirade très intéressante sur les raisons pour lesquelles les enjeux de long terme on du mal à se faire leur place dans le débat politique.
  A 20:00-22:00, un passage brillant sur pourquoi un style de management trop incisif tue la créativité.


mercredi, décembre 12, 2012

Pour une approche stratégique de la fiscalité

Dans le rapport EU Unlimited nous plaidons pour une approche plus stratégique de la fiscalité, consistant à épuiser en priorité les taxes "intelligentes" avant d'augmenter celles qui peuvent nuire à l'activité économique et/ou à la compétitivité. Il y a un très bel exemple sur TED à propos des "taxes de congestion" - ou comment une taxe peut augmenter la satisfaction des usagers.

dimanche, décembre 09, 2012

Le syndrome du réverbère


Faut-il chercher ses clefs égarées en pleine nuit sous le réverbère, où la lumière facilite la recherche,
ou explorer toutes les directions au risque de devoir tâtonner un peu ?

Premier exemple, les politiques d’innovations. A juste titre, la figure de l’entrepreneur est au
centre des débats. Moins celle de son cousin germain, « l’intrapreneur », qui transforme une
idée en projet à l’intérieur d’une entreprise existante. Et pourtant, dans de nombreux secteurs,
la réussite de la France repose sur le second plus que le premier, tel que celui des technologies
vertes « industrielles », nécessitant des milliards d’investissements et la masse critique mondiale
d’une grande entreprise. De même, la compétitivité du modèle industriel « fabs, labs and advices »,
repose sur la combinaison d’innovations technologiques, de procédé et de services propres aux
offres des grandes entreprises. Impossibles sans intrapreneurs, ces innovations constituent la seule
alternative au modèle « fabless » d’entreprises industrielles à la production délocalisée dans les pays
à faibles coûts. C’est enfin à des intrapreneurs que l’on doit de nombreuses innovations telles que le
monospace, le transistor ou les post-it.

Et pourtant, quelle reconnaissance pour l’intrapreneur ? Récompensé par son employeur s’il
découvre un vaccin contre la malaria, il sera plus taxé que celui qui revend un site érotique. Et
les propositions telles de recentrage du crédit-impôt recherche sur les entreprises nouvelles
entraineraient l’exil d’une partie d’entre eux.

Deuxième exemple, le financement des entreprises. La situation est grave : avant la crise, la somme
des prêts aux entreprises de la zone euro augmentait de 600 milliards d’euros par an. Désormais, les
nouveaux prêts ne font que compenser ceux arrivés à échéance. Les entreprises d’Europe ont ainsi
perdu 600 milliards de nouveaux financements, soit l’équivalent de l’ensemble des dépenses de R&D
en Europe, privées ou publiques, ou trois fois le PIB Grec. De la même façon, les levées de capital
investissement ont été divisées par 4, et les introductions en bourse par plus de trois.

Or l’affacturage, c’est-à-dire le financement des factures, qui permet aux entreprises de recevoir
immédiatement les fonds d’une facture payable à terme, est l’une des seules sources de financement
à croître malgré la crise, de plus de 17 % entre 2008 et 2010. Peu visible dans les débats sur le
financement, il représente désormais un volume comparable aux levées de fonds du capital
investissement ou aux introductions en bourses. Une entreprise en difficulté peut en bénéficier si elle
dispose de clients solvables. Les TPE, soit la majorité des 3 millions d’entreprises en France, peuvent
en bénéficier sans formalités excessives, alors que moins de 100.000 bénéficient des outils publics de
financements des PME.

Pour accélérer l’affacturage, il ne faut pas chercher loin le client qui représente à la fois le risque
– et donc le coût de financement - le plus faible et qui pourrait proposer au plus grand volume de
fournisseurs un paiement accéléré de ses factures : c’est le secteur public. Ses achats représentant
plusieurs dizaines de milliards par an, l’apport de financement aux entreprises serait significatif,
même si seule une minorité des fournisseurs publics y recourraient. Contrairement à d’autres
mesures d’appui au financement, proposer l‘option pour le Paiement Immédiat de l’Etat (PILE) ne
coûterait rien au contribuable. Elle serait accessible simplement pour les entreprises, et relativement
rapide à mettre en œuvre, indépendamment des évolutions engagées pour faire évoluer les
paiements publics, qu’elle pourrait également accompagner.

jeudi, décembre 06, 2012

Comment relancer la croissance en Europe - la méthode Europe (Un)Limited


Publication ce jour de "Europe Unlimited", un rapport du GE European Policy Center, réalisé par une équipe d'une trentaine d'experts mondiaux.  Piloté par un groupe de travail européen (Alessandro en Italie, Wolfgang en Allemagne, Hendrik en Belgique et moi-même en France), ce rapport cherchait à apporter une méthode et des propositions nouvelles sur un thème ancien : comment relancer la croissance.

Pour ce faire, nous avons engagé un travail de fond, qui nous a amené à analyser de façon systématique les leviers qui, vu des entreprises européennes, seraient nécessaires pour relancer la croissance. Nous avons ensuite recherché les solutions compatibles à la fois avec l'intérêt général, et l'état actuel des finances publiques, avant de les prioriser en fonction de leur impact potentiel et de leur difficulté de mise en oeuvre.

Le rapport issu de ce travail reprend les analyses et les propositions principales tirées de ce travail. Quelques exemples des nombreuses analyses contenues dans ce travail:
    - pour une boulangerie de quartier comme pour une multinationale, il faut trois composantes principales pour croître : une demande (ie des clients prêts à acheter), des facteurs de production de qualité pour faire les produits ou services qui répondent à cette demande ainsi que des  "catalyseurs de croissance" (services publics fournis aux entreprises ou réglementations)
    - s'agissant de la demande, les propositions portent notamment sur la nécessité de pouvoir davantage "importer la compétitivité", mais également de veiller non seulement au niveau des dépenses publiques, mais également leur structure (la part des "dépenses d'avenir" dans les dépenses publiques est plus faible en Europe qu'aux Etats-Unis)
    - s'agissant des facteurs de production, les propositions portent notamment sur le développement des formes alternatives de financement (financement adossé), mais également le développement des intrapreneurs (analogues dans les grandes entreprises de ce que sont les entrepreneurs dans les startups) afin d'aider les innovation à atteindre des marchés mondiaux
    - s'agissant des catalyseurs de croissance, le travail a notamment analysé la contribution à la croissance des "services publics aux entreprises". Les analyses montrent que l'Europe dispose là d'un potentiel de croissance très significatif, et qui pourrait être mobilisé avec des coûts très modestes.

Et vous, que faudrait-il à votre entreprise pour qu'elle puisse accélérer sa croissance ?

dimanche, novembre 25, 2012

Gagner en bourse (bis) : une tortue qui surprend vaut mieux qu'un lièvre qui déçoit

Analyse amusante de The Atlantic  : http://www.theatlantic.com/business/archive/2012/11/greeces-stock-market-is-beating-chinas-in-2012-wait-what/265499/

Celui qui a acheté des actions de la bourse d'Athènes mi-2012 et qui les a revendu au plus haut à la rentrée aura gagné 85 % !


mercredi, novembre 07, 2012

Le crédit d'impôt compétitivité, rempart contre la chute des investissements.


Le crédit d'impôt compétitivité, rempart contre la chute des investissements.


La décision du gouvernement d'accorder aux entreprises une baisse de 20 milliards de leur coût du travail a pu surprendre ceux qui ont eu une lecture politique de la situation. En revanche, elle n'étonnera pas ceux qui, depuis cet été, scrutaient avec inquiétude l'économie.



Dès août dernier, Eurostat publiait en effet les comptes des entreprises de la zone euro, et fournissait des données très intéressantes sur les profits et les investissements en Europe, et inquiétantes pour la France.

En niveau, d'abord, la France se caractérise par des profits plus faibles, et des investissements également plus faibles en moyenne depuis 10 ans. Ces niveaux doivent cependant être considérés avec prudence, car ils comparent des choses différentes (notamment l'entreprise moyenne en France ou au Royaume-Uni n'est pas la même en termes de secteur ou de taille).





Il est donc plus intéressant d'analyser les évolutions. Ces dernières montrent que les entreprises françaises se caractérisent par une bonne tenue des investissements par rapport à la moyenne. C'est a priori une bonne chose.



Cette évolution est-elle liée à celle des profits ? Pour le moment, non : depuis 10 ans, la France est le seul pays dans lequel les entreprises ont augmenté leurs investissements malgré la baisse des profits.





Est-ce durable ? Evidemment non : continuer à investir malgré des profits qui baissent reviendrait à "courir sur l'air", à la façon du coyote de Tex Avery : à un moment, la gravité reprendrait ses droits et une chute serait inévitable.   Pour poursuivre une telle croissance des investissements, il faut que les entreprises disposent des marges qui permettent de soutenir cette croissance.

Autrement dit, sauf mesures permettant aux entreprises de ne pas trop dégrader leur taux de marge on pouvait s'attendre à un effondrement des investissements des entreprises, négatif pour la croissance à court terme et pour la productivité et la compétitivité à moyen terme.

Comment traiter ce risque alors que le budget 2013 est serré à l'extrême ? Il fallait pour celà une mesure qui donne de l'air aux entreprises dès 2013, mais dont le coût sur les finances publiques ne se fasse sentir qu'en 2014 - et c'est exactement ce que permettra la mesure de crédit d'impôt...

mardi, octobre 23, 2012

La préférence nationale économique : une erreur, hier comme demain.

(Article publié dans Le Monde le 23 octobre 2012)


Imaginez qu'un chercheur invente une technologie qui divise par deux le coût de production d'une voiture. Sa contribution à la croissance et à la compétitivité ferait probablement l'unanimité. Supposez maintenant qu'un entrepreneur arrive à ce résultat en important une partie des pièces. Il y a fort à parier qu'il serait condamné par tous. Et pourtant, les deux auront exactement le même résultat sur l'emploi ou la compétitivité. 

Cette parabole empruntée au Nobel Paul Krugman, illustre la contradiction de la"préférence nationale économique". Or, à l'heure où les efforts convergent pour renforcer la compétitivité des économies européennes, il est utile de rappeler quelques faits :


  • 30 millions d'emplois européens n'existent que grâce au commerce mondial, 50 % de plus qu'en 1995. Cette part sera croissante, le reste du monde croissant plus vite que nous : en 2015, il est probable que 90 % de la croissance mondiale soit créée hors d'Europe. Sans commerce international, nous ne pourrons en bénéficier.
  • Beaucoup de produits "made in China" sont constitués de composants du monde entier. Ainsi, un IPhone importé de Chine ne comporte que 4 % de coûts d'assemblage en Chine, 6 % de composants américains mais 17 % de composants allemands ! C'est donc en termes de valeur ajoutée qu'il faut raisonner, et non d'origine des importations.
  • Le décrochage de compétitivité de certains pays européens est d'abord un problème de concurrence entre pays avancés : l'Europe a globalement bien résisté et réussi à conserver ses parts de marchés mondiales vis-à-vis des émergents. Mieux, elle est encore loin d'avoir tiré tous les bénéfices possibles du libre échange : l'agenda de négociation en cours peut faire gagner 275 milliards d'Euros, soit l'équivalent de l'économie du Danemark. A cette fin, l'Europe a engagé un programme de négociations commerciales bilatérales sans précédent pour assurer une meilleure réciprocité des échanges avec ses partenaires et améliorer l'accès de nos entreprises aux marchés en croissance.
La première est celle des redéploiements : globalement bénéfique pour l'emploi, les échanges internationaux peuvent nécessiter d'accompagner les salariés de secteurs en déclin, vers de nouveaux emplois. Cette question dépasse largement le commerce : l'innovation stimule la croissance mais condamne les technologies dépassées; la transition énergétique développe les énergies vertes mais réduira les secteurs "carbonés"; les impératifs de sécurité de consommateurs, ou l'évolution de leurs goûts déplace également des emplois. Le défi est donc très large mais pas sans réponse: il s'agit de réinventer un modèle social pensé dans l'après-guerre pour le centrer sur l'évolution des personnes, et faire en sorte qu'il facilite le plein emploi et accompagne chacun durant toute la vie professionnelle en garantissant un service d'orientation, de formation et de coaching de qualité.


Face aux difficultés conjoncturelles, le commerce représente donc un levier de croissance essentiel, sous réserve d'adopter une stratégie ciblée à la fois sur le développement des échanges et la localisation en Europe d'une valeur ajoutée aussi forte que possible. Ce développement pose toutefois deux questions légitimes.


La deuxième question est celle du développement durable. Elle est d'abord interne : les produits des pays avancés ne génèrent pas moins d'émissions que ceux des pays en développement. Mais l'augmentation des normes environnementales de nos partenaires est également importante. L'Europe peut la favoriser par une triple action: montrer l'exemple, établir des coopérations bilatérales et définir des règles multilatérales.

Le protectionnisme est une tentation récurrente en période de faible croissance, mais il a entraîné le monde dans une spirale récessive après la crise de 1929. Or les arguments pour s'y opposer alors restent plus que jamais valides, car c'est durablement à l'extérieur de l'Europe que se trouveront des croissances supérieures à 3 %. Mais la voie de l'ouverture est exigeante ; elle impose à l'Europe de peser de tout son poids pour obtenir de ses partenaires l'ouverture de leur marché et un commerce loyal. En interne, il s'agit d'investir dans la lutte contre le changement climatique et d'adapter un modèle social aux réalités d'une économie moderne et ouverte, sans affaiblir son niveau de protection. 

Et de le faire rapidement, car le monde ne nous attendra pas.

dimanche, septembre 09, 2012

Quelle est la recette des pays qui gagnent à l'export ?

L'excédent commercial record de l'Allemagne fait bien des envieux. Est-il si important d'améliorer la balance commerciale ? Et si oui, comment faire ?

1 - Oui c'est important, car à court terme c'est le levier de croissance qui offre le plus de potentiel : avec des consommateurs inquiets pour leur avenir, des entreprises prudentes sur leurs investissements et un gouvernement forcé de réduire ses dépenses, la demande viendra surtout de l'étranger. Par chance, les perspectives des pays émergents dans les années qui viennent sont fortes (cf graphique ci-après) - si nous savons être assez compétitifs à l'export pour les saisir.


2 - Faut-il pour celà arrêter les importations ("consommer français") ? Probablement pas, pour trois raisons
    a) Le "consommer français" n'a pas de sens car il conduirait les français à devoir consommer des mauvais substituts (comme le montre cet exemple) aux importations, ce qui revient à les appauvrir - pour le même prix (ou plus cher), ils auront moins bien.

    b) Bloquer les importations étrangères, soit par des réglementations, soit par des déclarations hostiles, entraînera tôt ou tard des rétorsions d'autres pays. Le risque est réel (et déjà signalé par l'OMC), surtout en période de faible croissance, où chacun est tenté de réduire le chômage en "exportant virtuellement ses chômeurs" - c'est à dire en réduisant ses importations tout en accélérant ses exportations. En effet, même si c'est globalement défavorable du point de vue du pouvoir d'achat (cf point ci-après), une telle mesure permet de réduire le chômage tout en ponctionnant de façon invisible l'ensemble de la population (qui paye plus cher ou obtient des produits de plus faible qualité que l'équivalent importé). Mais si un pays commence à le faire, chacun le fera. In fine, il ne restera que la "ponction", mais l'effet bénéfique sur l'emploi sera neutralisé : tout le monde en sortira perdant.

    c) Les pays qui ont réussi à être compétitifs à l'export l'ont au contraire fait en développant leurs importations, comme le montre le schéma suivant : on y distingue clairement que ceux qui ont réussi à améliorer leur performance à l'export sont également ceux chez lesquels la part des importations à le plus augmenté.


A l'heure ou les entreprises organisent leur "supply chain" mondialement en allant chercher dans différents pays des composantes qui permettent de faire le meilleur produit, ceux qui réussissent à développer le plus leurs exportations sont ceux qui importent le plus. Autrement dit, pour bien exporter, il faut savoir importer judicieusement. C'est exactement l'inverse de la philosophie du "consommer français". Il n'est pas étonnant que son équivalent, le "buy european", soit fermement combattu par les allemands...

Celà veut-il dire qu'il faut s'engager dans une ouverture débridée et négliger l'impact social des délocalisations ? Evidemment non. De la même façon qu'on ne peut pas négliger l'impact de l'innovation ou du développement des technologies sur l'emploi peu qualifié - sans pour autant plaider pour le refus du progrès technologique.

Mais tout comme la solution façon à l'automatisation n'est pas de casser les machines pour protéger l'emploi (au détriment du pouvoir d'achat, et de l'enrichissement du contenu des emplois), la solution face à la compétition mondiale n'est pas de fermer les frontières. Comme l'expliquait brillamment John Sutton, la vraie solution est à chercher du coté de l'évolution de l'accompagnement et du modèle social français et européen.
    

jeudi, août 23, 2012

Growth: Listen to Business!


At a time when the outlook for growth in Europe is becoming bleaker and all eyes are turned towards economic forecasters, those who think to ask businesses what they need in order to develop are few and far between. Nonetheless, we would do well to listen to a baker explain the conditions necessary for the growth of his bakery: first and foremost, he needs customers willing and able to buy his bread, then ingredients (flour, salt, water, etc.) and employees, and finally sufficient freedom to run his business – for example, food standards that allow him to innovate. The needs of a multinational company would scarcely be different: solid demand (consumption, investments, exports, etc.), high-level production factors (human resources, raw materials, infrastructure, etc.) and “growth catalysts” (suitable regulations, public services for quality businesses, etc.).

To accelerate growth, reforms are needed on all of these issues. However, as one plan after another was designed, these reforms seem to have been forgotten, for both good and not-so-good reasons. The good reason is that for the moment the debate has focused on two subjects, financing and currency, which are absolutely critical in the short term. 

As for the bad reasons, the first is a question of choice. Where to begin? What aspect of demand, which factors of production and regulations? For choices of this sort, businesses have well-oiled strategic processes, while states have seen their planning capacity diminish. This has led them to adopt a sequential form of problem management according to urgency, as states are more likely to come to an agreement in such cases. However, this sequential management has its limits: key reforms such as education, the European labor market, innovation, energy transition, etc. take time. They must be undertaken well in advance – in fact, they should already be in place!

The second bad reason for the absence of reforms in the debate is that the financial crisis offers up scapegoats for lackluster European growth. These scapegoats – not all innocent – save us from having to analyze the deep-seated causes behind the problem. Nevertheless, certain causes have to do with the very foundations of the European model for growth: the sectors where competition and the single market exist have been strengthened. This has not been the case, however, for public services, which generally enjoy a monopoly. And yet, this half of the European economy accounts for 50% of GDP and regulates the other half. Naturally, it is not a question of having day-care centers throughout Europe compete against one another; evaluation and comparison of services across the EU should have played this role. However, initiatives of this sort, such as Pisa for education or Shanghai for research, have mostly come from outside the EU; the European growth plan has left out half of GDP! 

As future plans are worked out, states must fulfill their role as “growth catalysts” and accept to evaluate and pilot their services according to the added value they provide for users, citizens and businesses.

Hendrik Bourgeois (Brussels), Vincent Champain (Paris) & Alessandro Coppola (Roma).

Published in Les Echos


mercredi, août 15, 2012

Investissement des entreprises : leçon de gravité du coyote de Tex Avery.

Eurostat vient de publier les comptes des entreprises de la zone euro, et fournit des données très intéressantes sur les profits et les investissements en Europe.

En niveau, d'abord, la France se caractérise par des profits plus faibles, et des investissements également plus faibles en moyenne depuis 10 ans. Ces niveaux doivent cependant être considérés avec prudence, car ils comparent des choses différentes (notamment l'entreprise moyenne en France ou au Royaume-Uni n'est pas la même en termes de secteur ou de taille).


Il est donc plus intéressant d'analyser les évolutions. Ces dernières montrent que les entreprises françaises se caractérisent par une bonne tenue des investissements par rapport à la moyenne.


Cette évolution est-elle liée à celle des profits ? Pour le moment, non : depuis 10 ans, la France est le seul pays dans lequel les entreprises ont augmenté leurs investissements malgré la baisse des profits.



Est-ce durable ? Evidemment non : continuer à investir malgré des profits qui baissent reviendrait à "courir sur l'air", à la façon du coyote de Tex Avery.  Pour soutenir une telle croissance des investissements, il faudrait que les entreprises disposent des marges qui le permettent.

Autrement dit, sauf mesures permettant aux entreprises de ne pas trop dégrader leur taux de marge dans les mois qui viennent, on peut s'attendre à une baisse des investissements des entreprises...















mardi, août 14, 2012

Assurance maladie : pourquoi le risque de segmentation de la clientèle est si fort ?

En matière d'assurance, il y a principalement trois façons de gagner plus d'argent
    a - réduire ses coûts (processus plus efficaces, meilleure utilisation de l'informatique,..) ;
    b - améliorer son offre, en proposant des produits qui offrent plus de valeur, ou répondent à des besoins non couverts ;
    c - segmenter la clientèle en essayant d'attirer les clients présentant le moins de risques d'être malades.

Le graphique suivant, réalisé sur données américaines, montre la puissance du 3e levier...


vendredi, août 10, 2012

Entreprises d’Europe,  cette croissance est la vôtre !

Alors que les perspectives de croissance s’assombrissent et les regards se tournent vers les prévisionnistes, rares sont ceux qui interrogent les entreprises sur ce qu’il leur manque pour se développer. On gagnerait pourtant à écouter un boulanger sur les conditions à sa croissance : d’abord des clients qui peuvent et veulent acheter son pain, ensuite les ingrédients (farine, sel, eau…) et le personnel nécessaire, et enfin une liberté suffisante pour mener son activité – par exemple des normes alimentaires qui le laissent innover. Une multinationale ne demanderait pas autre chose : une demande solide (consommation, investissements, exportations…), des facteurs de production de bon niveau (ressources humaines, matières premières, infrastructures,…) et des « catalyseurs de croissance » (réglementation adaptée, services publics aux entreprises de qualité…).

Sur tous ces éléments, des réformes sont nécessaires pour accélérer notre croissance. Mais elles donnent l’impression d’avoir été oubliées dans les plans successifs, pour de bonnes et de moins bonnes raisons. La bonne raison, c’est que le débat s’est pour le moment focalisé sur deux sujets, le financement et la monnaie, absolument critiques à court terme.

Et les mauvaises raisons ? La première tient à la difficulté du choix : par quelle partie de la demande, des facteurs de production et de la réglementation faut-il commencer ? Pour ce type de choix, les entreprises disposent de processus stratégiques bien rôdés, alors que les Etats ont vu s’affaiblir leurs capacités à planifier, ce qui les pousse à une gestion séquentielle des problèmes en fonction de l’urgence, sur laquelle les pays européens s’accordent plus facilement. Cette séquence présente une limite : les réformes importantes (éducation, marché européen du travail, innovation, transition énergétique,…) prenant du temps, il faut les engager au plus tôt – en fait, il faudrait déjà l’avoir fait !

La deuxième mauvaise raison de l’absence des réformes dans le débat est que la crise financière offre des boucs émissaires, pas tous innocents, à la faible croissance européenne qui nous dispensent d’une analyse de ses causes profondes. Or certaines causes renvoient aux fondements du modèle de croissance européen : la concurrence et le marché unique ont permis de renforcer la productivité des secteurs qui y ont été soumis. Mais ce n’a pas été le cas pour les services publics, généralement en monopole. Or ce dernier pèse en Europe plus de 50% du PIB et régule l’autre moitié. Il ne s’agit évidemment pas de mettre en concurrence les crèches européennes, c’est l’évaluation du service et la comparaison européenne qui auraient dû jouer ce rôle. Mais les initiatives de ce type, Pisa pour l’éducation ou Shanghai pour la recherche, sont surtout venues d’ailleurs : le projet de croissance européen a oublié la moitié du PIB ! Lors des prochains plans, les Etats doivent donc assumer pleinement leur rôle de « catalyseurs de croissance », et accepter d’évaluer et de piloter leurs services en fonction de la valeur ajoutée aux usagers, citoyens ou entreprises.

La dernière mauvaise raison de l’absence du débat sur les réformes tient sans doute aux entreprises elles-mêmes. Confrontées à un contexte difficile, conscientes que seuls les Etats et la banque centrale peuvent stabiliser la situation financière, les entreprises n’ont pas exprimé leur vision de ce qui bloque leur croissance, et des solutions à ces blocages compatibles avec l’intérêt général et l’état des finances publiques. C’est ce silence que nous appelons les entreprises européennes à briser !

(Paru dans Les Echos le 7 aout 2012)



samedi, juin 02, 2012

Véhicule électrique : bien moins cher à l'usage !

Le véhicule électrique est une sorte de serpent de mer : il revient dans le débat régulièrement, accompagné de déclarations fulgurantes. Pour en ressortir discrètement ensuite. Avec deux points : une autonomie trop faible (100 km, c'est trop court pour emmener les enfants en vacances), et un coût total d'utilisation plus élevé (le surcoût d'achat étant excessif) que celui d'un véhicule classique - et ce malgré les aides publiques. Et ceci sans parler des performances limitées - sauf pour les véhicules de la gamme Tesla, malheureusement hors de prix.

Et pourtant, il semble que cette situation soit prête de changer, grâce aux évolutions du deux roues électrique : de nouveaux modèles apparaissent en effet avec des performances très raisonnables. Et dont le surcoût à l'achat est largement compensé par les frais d'entretien ou d'essence (proches de zéro), comme le montre ce comparatif. Et même la question de l'autonomie se présente différemment : certains modèles peuvent aller jusqu'à 160 km, et ils se chargent sur une prise classique en quelques heures. Enfin, contrairement aux voitures, la majorité des utilisateurs n'a pas besoin d'une grande autonomie en moto...


lundi, mai 28, 2012

Cette nouvelle crise qui menace l'Europe.

Les résultats surprenants de l'Eurovision tels que la seconde place de ce sympathique groupe ou la première place en 2006 de cet orchestre symphonique interpellent l'économiste au moins autant que le mélomane : cette victoire exprime-t-elle vraiment les goûts du public européen, ou traduit-t-elle des stratégies qui n'ont rien à voir avec le goût musical ?

Pour le tester, les votes enregistrés en 2010, 2011 et 2012 ont été analysés en comparant la série des votes de chaque pays candidat en faveur de chacun des autres pays (votes "aller"), avec la série des votes en sens inverse (votes "retour").

Si les deux séries étaient indépendantes (c'est à dire si le vote d'un pays A pour une chanson d'un pays B n'avait aucun lien avec les points attribués par le jury du pays B à la chanson du pays A) la corrélation* entre les séries devrait être faible. Au contraire, s'il y a des ententes ou des "échanges de voix" (certains pays accordant leur vote en contrepartie d'un vote en retour, pour se favoriser mutuellement dans la compétition), cette corrélation devrait être particulièrement haute.

Les résultats montrent que cette corrélation fut de 0,37 en 2012, 0,33 en 2011 et 0,35 en 2010. Est-ce trop ? Pour le savoir, nous avons effectué 100 tirages aléatoires simulant les votes de 26 pays en faveur de 25 autres, et analysant la corrélation entre l'ensemble des votes "aller" et des votes "retour".


Le graphique ci-dessus présente, par ordre croissant, la corrélation obtenue à chaque tirage (ou simulation de vote). La corrélation n'a atteint ou dépassé 0,33 que dans 3 cas sur cent !Autrement dit, une corrélation qui n'avait que 3 % de chances de se présenter s'est produite trois fois consécutives. Elle est donc anormalement élevée, ce qui traduit un lien entre les points donnés par chaque pays aux autres pays, et ceux qu'il obtient en retour.

Comme me l'a fait remarquer Cédric Villani (médaille Fields 2010, mélomane et européen convaincu, et donc à ce titre triplement légitime), ce constat ne traduit pas nécessairement une fraude, ou même une entente explicite -  il peut résulter de goûts communs notamment.

Mais il interpelle cependant sur le mode de vote, et notamment le fait de confier 50 % du vote à un jury. A cet égard, il serait intéressant de vérifier de quelle façon ceci contribue aux corrélations élevées (l'information nécessaire n'est malheureusement pas publique). S'il est confirmé que les jurys "biaisent" le vote, les organisateurs seraient bien inspirés de les supprimer, et d'organiser une vote qui traduise davantage "l'opinion publique européenne". Faute de quoi l'Europe serait abandonnée à un chauvinisme musical dont elle pourrait ne jamais se relever...
                                                       
                                                                 *        *
                                                                      *

L'ensemble des données permettant de vérifier ce calcul figurent ici.

On me signale cet article, plus long mais avec des analyses plus approfondies, notamment sur les "blocs de cohésion" mis en évidence par les votes.

* : la corrélation entre deux séries de chiffres est un nombre de 0 à 1 (0 signifiant que les deux séries n'ont aucun lien entre elles, 1 signifiant au contraire que les mouvementes de l'une sont parfaitement prévisibles par les mouvements de l'autre).

lundi, avril 23, 2012

Réduire les déficits sans affaiblir la croissance ? C'est possible !

Article publié avec Christian Saint-Étienne (universitaire et membre du Conseil d'analyse économique) dans le Figaro le 23 April 2012

Fin 2011, notre déficit a été réduit, mais la dette a continué à progresser à 85,8 points de PIB. Compte tenu des niveaux de croissance attendus dans les années à venir, le déficit devra être durablement réduit sous la barre des 2,5 % pour ramener la dette à 60 % du PIB. Or les pays qui ont réduit leurs déficits ont bénéficié des effets de la croissance, de l'inflation ou du temps. De 1983 à 1987, la Nouvelle-Zélande a réduit son déficit de plus de 6 points avec près de 6 % d'inflation. De 1993 à 1998, la Suède a réduit ses déficits de 12 points avec plus de 3 % de croissance. La Belgique a pu réduire sa dette de 25 points, mais sur dix ans de 1993 à 2004.
Une gestion prudente des finances publiques ne permet pas de compter sur des contextes aussi favorables, et nos prélèvements se situant déjà à des niveaux élevés, dont la hausse nous impose des arbitrages entre pouvoir d'achat à court terme et compétitivité, donc également pouvoir d'achat, à moyen terme. Il faudra donc freiner les dépenses avec une ampleur inédite : depuis cinquante ans, nous ne sommes parvenus qu'une fois à obtenir une croissance annuelle en volume inférieure à 1,5 % sur un quinquennat. Avec une croissance du PIB « prudente » de 2 %, ce rythme demanderait dix ans pour annuler un déficit de 5 points.

Mais ce freinage des dépenses induit deux risques. Le premier risque serait une croissance déprimée par la réduction des dépenses publiques. Le deuxième risque serait que la pression sur la dépense se traduise en dégradation de la qualité de service public plutôt qu'en productivité.

Pour éviter ce second risque, un pilotage complexe est nécessaire. Pour que la pression budgétaire ne réduise pas le champ, la qualité ou l'accès, il faut commencer par mesurer correctement ces trois dimensions de la valeur du service public - or cette évaluation est encore très insuffisante. Dans l'idéal, cette question appelle à une solution européenne : pour améliorer les coûts et la qualité des produits et services marchands, la solution retenue était le marché unique. Pour les services publics, souvent hors marché, c'est l'évaluation, la comparaison et l'échange de bonnes pratiques européennes qui doivent être privilégiés. Une telle comparaison permettrait en outre à la France de valoriser son modèle basé sur des dépenses élevées (identifiables dans les séries comptables) et des services à valeur élevée (qu'aucune série statistique ne valorise actuellement).

Le risque d'une rigueur qui pèserait sur la croissance à court terme renvoie à un choix de trajectoire budgétaire : il suffit pour l'éviter de réduire en priorité les dépenses courantes (surcoûts d'achats, inefficacités d'organisation, services publics à moindre valeur ajoutée ou pouvant être distribués de façon moins coûteuse...), tout en augmentant temporairement les investissements d'avenir. La réduction du déficit est alors « lissée » par l'anticipation d'une partie investissements, mais le déficit peut être réduit très fortement dès lors que la croissance le permettrait. Il n'y a donc pas de raison macroéconomique pour retarder les réformes sur les dépenses courantes. Elles doivent être engagées le plus rapidement possible, car elles mettent plusieurs années à produire leurs effets. S'il y a un ajustement à réaliser pour épargner la croissance, il faut le faire en augmentant ou en anticipant des investissements d'avenir !

Lors du prochain quinquennat, il faudra donc certes plus de rigueur comptable, mais également porter plus d'attention à la valeur des services publics et aux investissements de long terme. Car, comme une entreprise, il y a deux voies pour qu'un État fasse faillite : soit en ignorant ses comptes et en repoussant les réformes, soit au contraire en réduisant sa stratégie à un objectif comptable, au détriment de ses clients, de ses partenaires ou d'une vision de long terme.

mercredi, avril 18, 2012

Manufacturing industry of the future : fabs, labs and advices.

Manufacturing industry of the future is sometimes presented in the form of “fabless” businesses, i.e. businesses without factories, focused on design and depending on ever more competitive Asia for production. In reality, in 2012, labor costs in Bulgaria are lower than wages at Foxconn, in China. With wage inflation exceeding 10%, wages there are expected to be close to ours in 20 years. Cases of relocalization have already been observed. But it would be a mistake to view that as a sign of the spontaneous return of the manufacturing industry of yesterday, first of all because manufacturing industry is increasingly becoming a sort of “Manufacturing industry 2.0,” at once more integrated, open and spread out. Secondly, because although the return of manufacturing industry will depend on macroeconomic developments, the main factor will be strategic choices to be made in the coming years.
This manufacturing industry 2.0 is integrated into its environment. All at once, it offers equipment, computer systems and services meant to maximize asset productivity within each client's specific context – for example, energy efficiency, usage rates of operating theatres or aircraft engine effectiveness. It further integrates environmental constraints throughout the lifetime of equipment, from production until recycling. Far from separating the design and production processes as does the “fabless” model, this model is founded on concept of “fabs, labs & advice,” in other words close cooperation among production centers, research centers and service centers.
Furthermore, it is integrated worldwide: relocalization to France will go together with the pursuit of a “worldwide value chain” rationale. Like the German automobile industry, which owes the growth of its employment rate in Germany to subcontracting in Eastern Europe, France must learn how to concentrate its resources on those parts of the value chain in which it can be competitive. To create jobs in France and promote exports, the country must be able to both import sensibly and attract companies that are capable of positioning France in the correct segment of this value chain.
Manufacturing industry 2.0 is open and based on partnerships between multinationals (who know how to manage large volumes and gain access to a worldwide market) and SMEs (with high-level technical expertise), between businesses (who innovate by transforming ideas into cash) and public research programs (who explore, transforming cash into ideas), and between the company and its clients (who contribute to defining new products). To make this happen, we must improve cooperation between research and business, as well as related funding. Aside from the research tax credit, funding mechanisms are sometimes ill-suited to large groups’ modes of innovation.
Manufacturing industry 2.0 is architecturally spread out. It offers less major equipment and more mid-size interconnected equipment networks. These smart networks make it possible to take full advantage of energy sources such as wind, solar or cogeneration, or systems that allow medical devices to communicate with each other and with doctors.
Like Germany for machine tools or France for aircraft engines, gas turbines or medical equipment, manufacturing industry 2.0 offers considerable potential. However, to fulfill this potential, we must adopt a strategy of “creative growth,” targeting first and foremost availability of competitive production factors (capital, skills, energy, public services, etc.). Next, it must be easier for businesses to put these factors together and combine them with imported components in innovative ways (simplicity of legal formalities, business creation, attractiveness for multinationals, facilitation of partnerships, etc.). Finally, access to high demand is necessary (opening up of trade in Europe and throughout the world). In other words, this strategy should provide fertile soil rather than declaring what kind of trees to plant!

lundi, avril 16, 2012

Quelle industrie pour demain ? L'industrie 2.0 : fabs, labs & advices !

(Article publié le 16 avril 2012 par Les Echos)

L'industrie du futur a parfois été présentée sous la forme d'entreprises sans usines (« fabless »), centrées sur la conception et expédiant la production en Asie, à jamais plus compétitive. En réalité, le coût du travail en Bulgarie est, en 2012, inférieur au salaire de Foxconn, en Chine. L'inflation salariale y dépassant 10 %, leurs coûts salariaux approcheraient les nôtres dans vingt ans. Déjà, des cas de relocalisations sont signalés. Mais il serait erroné d'y voir le signe d'un retour spontané de l'industrie d'autrefois, d'abord parce que l'industrie est de plus en plus une « industrie 2.0 », à la fois plus intégrée, ouverte et distribuée. Ensuite, parce que son retour dépendra certes d'évolutions macroéconomiques, mais surtout des choix stratégiques à prendre dans les années à venir.

Cette industrie 2.0 est intégrée dans son environnement. Elle offre à la fois des équipements, des systèmes informatiques et des services destinés à optimiser la productivité de leurs actifs au contexte spécifique de chaque client - par exemple le rendement énergétique, le taux d'utilisation d'un bloc opératoire ou l'efficacité d'un moteur d'avion. Elle intègre davantage les contraintes environnementales de la production de l'équipement jusqu'à son recyclage. Loin de la séparation conception-production du modèle « fabless », ce modèle repose sur le « fabs, labs & advices », soit une coopération étroite entre centres de production, de recherche et de services.

Elle est également intégrée mondialement : la relocalisation en France ira de pair avec la poursuite d'une logique de « chaîne de valeur mondiale ». A l'image de l'emploi de l'automobile allemande qui doit la croissance de son emploi en Allemagne à sa sous-traitance en Europe de l'Est, la France doit savoir concentrer ses ressources sur les parties de chaîne de valeur où elle peut être compétitive. Pour gagner des emplois en France et exporter, il faut à la fois savoir importer judicieusement et attirer les entreprises capables de positionner la France au bon endroit de cette chaîne de valeur.

L'industrie 2.0 est ouverte et repose sur des partenariats entre multinationales (qui savent gérer des volumes importants et accèdent à un marché mondial) et PME (qui maîtrisent des techniques pointues), entre entreprises (qui innovent en transformant des idées en euros) et la recherche publique (qui explore en transformant des euros en idées), entre l'entreprise et ses clients (qui contribuent à la définition de nouveaux produits). Pour cela, nous devons améliorer la coopération recherche-entreprise et les financements associés qui, hormis le crédit impôt recherche, sont parfois inadaptés aux modes d'innovation des grands groupes.

Cette industrie est distribuée dans son architecture. Elle propose moins de gros équipements et plus de réseaux d'équipements moyens connectés. Ce sont des réseaux intelligents, qui permettent de tirer meilleur parti de sources d'énergies, telles que le vent, le solaire ou la cogénération, ou les systèmes qui permettent de faire communiquer des équipements médicaux entre eux et avec les médecins.

A l'image de l'Allemagne dans les machines-outils ou de la France dans les moteurs d'avion, les turbines à gaz ou le matériel médical, l'industrie 2.0 offre un potentiel considérable. Pour le réaliser, nous devrons cependant nous doter d'une stratégie de « croissance créative » visant d'abord la disponibilité de facteurs de production compétitifs (capital, talents, énergie, services publics...), ensuite, la simplicité pour les entreprises à combiner ces facteurs entre eux et avec des composantes importées de façon innovante (simplicité du droit, création d'entreprises, attractivité pour les multinationales, facilitation des partenariats...) et, enfin, l'accès à une demande forte (ouverture commerciale européenne et mondiale).

Autrement dit, cette "stratégie industrielle 2.0" devra assurer aux projets industriels une terre fertile, plutôt que de vouloir décréter quels arbres doivent être plantés !

dimanche, mars 25, 2012

Dette publique et soutenabilité : le cas de la dette scolaire aux USA.

Dans un billet précédent expliquait qu'on pouvait réduire le débat sur la dette à celui, d'une part des retraites (principal passif public) et, d'autre part, celui du système éducatif (qui développe le premier des actifs, le capital humain).

A remettre en perspective avec un article récent sur la dette scolaire américaine

dimanche, mars 11, 2012

Match France-Allemagne : qui gagne ?

Comparaison du taux de croissance français et du taux allemand, depuis 30 ans :
- trait plein : écart annuel de croissance (croissance française - croissance allemande)
- trait en pointillé : cumul depuis 1981

Le premier graphique donne l'écart de croissance, le 2e donne l'écart de croissance par actif (ie, donne l'écart de croissance corrigé du fait que l'Allemagne à de moins en moins de population active). Comme on le voit, on n'est pas très loin d'un match nul, au mieux...

dimanche, mars 04, 2012

Rechercher un emploi revient à lancer un avion en papier dans l'espace !

Intéressant point de vue de Wharton : Why the Job Search Is Like 'Throwing Paper Airplanes into the Galaxy' - Knowledge@Wharton
knowledge.wharton.upenn.edu
Why the Job Search Is Like 'Throwing Paper Airplanes into the Galaxy' by Knowledge@Wharton, the online business journal of the Wharton School. Knowledge@Wharton covers research in Finance, Strategic Management, Marketing, Leadership, Business Ethics and 9 other knowledge research categories.

samedi, mars 03, 2012

Politiques de l'emploi : l'éternel retour ?

En politique, les vraies différences ne se font pas sur les concepts, mais sur les moyens et la volonté. « Ce que tu veux, veux-le de telle manière que tu puisses en vouloir le retour éternel. » Appliquons cette règle aux politiques de l'emploi : que faudrait-il refaire et ne pas refaire ?

Ce que nous ne referions pas, ce sont les dispositifs qui naissent en fanfare et meurent dans l'indifférence - la multitude des contrats inventés à l'occasion d'une crise et qui s'adressent aux manifestations les plus médiatiques du chômage plutôt qu'à ses causes profondes.

Ce que nous referions sont les « piliers » des politiques de l'emploi : les allégements du coût du travail ; les dispositifs d'accompagnement renforcé qui aident des chômeurs privés de repères à encadrer leur recherche ; les emplois aidés, créés « sur mesure » pour ceux qui ne peuvent accéder directement à un emploi « normal » (chômeurs de longue durée, handicapés...). Ces piliers sont nécessaires pour avoir une économie qui produise ce que le marché ne génère pas : une baisse des inégalités et une certaine solidarité nationale face au chômage. Ils reviennent donc, en ordre dispersé, à chaque législature. Ils sont parfois opposés, alors qu'il est possible de les intégrer dans une réforme qui attaquerait les causes profondes du chômage.

Pour vaincre le chômage, il faut trois choses. D'abord, encadrer la démarche des demandeurs d'emploi. Leur tâche demande en effet des connaissances, et des initiatives qui dépassent en complexité le contenu de bien des emplois - faire un bilan sur soi-même, connaître le « marché » et ses évolutions, définir un objectif, se former... - et est difficile à mener seul.

Ensuite, la France a su transformer son industrie, s'ouvrir à l'international ou se doter d'un SMIC et d'assurances sociales financées par des cotisations. Ce sont des choix pertinentes, mais ils ont condamné certains emplois sans créer des emplois de substitution. Pour cela, il aurait fallu solvabiliser des millions d'emplois, pour ramener leur coût au « niveau du marché » sans sacrifier le revenu de ceux qui les occupent. Certes, les allégements de cotisations ont ce but, mais ils ne suffisent pas - ni en niveau (après allégement, nous restons des champions de l'imposition des salaires), ni en structure (ils sont ciblés sur les bas salaires, ce qui est nécessaire compte tenu de l'existence du SMIC, mais oublient les salaires moyens, les plus touchés par la concurrence internationale).

Enfin, il faut coordonner notre réponse au chômage, aujourd'hui diluée entre entreprises, Unedic et Etat. Par ailleurs, l'Etat est compétent pour traiter un chômage dont les ravages se font sentir dans des communes démunies pour y faire face. Notre proposition part de ces constats, et du principe qu'une recherche d'emploi active est une activité socialement utile. Nous proposons ainsi un véritable statut de chercheur d'emploi : un « contrat d'évolution », un encadrement par un « coach », une formation et un « revenu d'évolution ».

Pour que chacun évolue vers un emploi productif, il faut aller plus loin. Tout système social définit un « employeur de dernier ressort », pour ceux qui ne trouvent pas d'emploi. Dans la société de marché, cette responsabilité revient à l'individu. Au Japon, les sous-traitants de grands groupes jouent ce rôle. Nous proposons que cette mission soit confiée à une agence dans chacun de nos 350 bassins d'emploi, qui aurait autorité sur le service public de l'emploi, et contractualiserait avec les chômeurs. Elle pourrait déléguer cette responsabilité à des structures d'accompagnement vers l'emploi productif : entreprises partenaires, groupements d'employeurs, structures d'aide à la création d'activité, centres d'aide pour handicapés...

Pour que chacun évolue vers un emploi productif, il faut aller plus loin. Tout système social définit un « employeur de dernier ressort », pour ceux qui ne trouvent pas d'emploi. Dans la société de marché, cette responsabilité revient à l'individu. Au Japon, les sous-traitants de grands groupes jouent ce rôle. Nous proposons que cette mission soit confiée à une agence dans chacun de nos 350 bassins d'emploi, qui aurait autorité sur le service public de l'emploi, et contractualiserait avec les chômeurs. Elle pourrait déléguer cette responsabilité à des structures d'accompagnement vers l'emploi productif : entreprises partenaires, groupements d'employeurs, structures d'aide à la création d'activité, centres d'aide pour handicapés...

Cette réforme remplacerait la moitié des dépenses actuelles pour l'emploi, avec un surcoût d'environ 2 % du PIB. Il pose une question simple : la France veut-elle réduire son chômage et réduire ses coûts sociaux par conséquence, ou risquer de n'avoir aucun des deux, faute d'avoir contenu ses déficits sociaux ?

mercredi, février 29, 2012

Comment retrouver les chemins de la croissance et faire mentir les prévisions ?

Derrière les interrogations sur la capacité des Etats à financer leurs dépenses apparaît de plus en plus la question du retour de la croissance économique. Deux approches complémentaires répondent à cette question. La première approche est celle qui ressort des modèles macroéconomiques. La croissance s'en déduit de variables telles que les taux, la croissance mondiale ou les dépenses publiques. Elle restera faible tant que le contexte sera incertain, pour rejoindre ensuite une « croissance potentielle » mal connue, jadis de 3 %, depuis ramenée à 2 % par réalisme.

Dans la deuxième approche, « microéconomique », ce n'est pas la croissance qui fait l'emploi, mais l'inverse. On peut y « battre les prévisions » : tout demandeur d'emploi qui accède à une activité utile économiquement augmente le PIB d'autant. 350.000 demandeurs le font et c'est plus 0,5 point de croissance. Dans cette approche les « créateurs » ont un rôle crucial : ils vont inventer des produits ou des services qui vont au-delà de l'augmentation « mécanique » de la croissance. La première approche dépend des actes de grands décideurs ; la seconde nécessite une large classe créative, composée de ceux qui, scientifiques, artistes, ingénieurs, architectes ou fonctionnaires, inventent ou permettent à de nouvelles idées, de nouveaux produits ou de nouvelles organisations de prendre forme.

Cette classe créative comprend également les personnes en « recherche active d'emploi », occupées (seules ou accompagnées) à créer leur future activité - salariée ou non. Les personnes qui prennent le risque de quitter un secteur en déclin pour un secteur d'avenir créent autant que l'entreprise qui les accueille !

Alors que les leviers macroéconomiques (dont les dépenses publiques) échappent largement aux Etats, le développement de la classe créative apparaît comme une nécessité. Il suppose trois éléments :

- un écosystème favorable, où les idées nouvelles naissent et prospèrent, notamment par la rencontre de compétences diverses (créatifs, designers, scientifiques, entrepreneurs,...), la capacité à y allouer le temps nécessaire et une propension à l'irrévérence ;

- des infrastructures, où se combinent et se croisent idées, matériels et compétences, tels l'accès à des réseaux de communication ou au financement et la capacité de créer et d'administrer simplement une entreprise ou de faire appliquer le droit ;

- des débouchés, où la création peut être valorisée économiquement ou socialement et atteindre sans barrière un marché aussi large que possible (local, national, européen ou mondial).

En matière de recherche et d'enseignement, ces principes supposent de viser l'échelle européenne et mondiale, et d'accepter - sans en ignorer les limites -l'enseignement en anglais et les classements internationaux. Pour puiser dans un vivier large de talents, les Européens doivent s'unir. La Chine ou les Etats-Unis ont 15 millions d'étudiants alors que la France seule n'en compte que 2,2. En matière de partenariats de recherche, il faut travailler avec les entreprises - y compris étrangères -capables de porter nos innovations aussi loin que possible. C'est le concept d'économie « Roland-Garros » : attirer des champions mondiaux, français ou non, pourvu qu'ils créent de la valeur ajoutée en France !

Pour permettre à plus de demandeurs d'emploi de faire partie de cette « classe créative », il faut développer la recherche active : lorsqu'ils perdent un emploi dans un secteur en déclin, les demandeurs n'ont souvent pas le réseau ni les outils pour trouver où et dans quel secteur ils seraient les plus utiles. Le système public doit à tous cette aide, et viser autant la recherche d'emplois salariés que l'aide à la création de nouvelles activités ou d'auto-entreprises. Et il doit être évalué en priorité sur ces missions.

La noirceur des prévisions ne doit pas nous cacher l'essentiel : la croissance dépend certes du contexte mondial ou de la gouvernance européenne, mais elle dépend aussi beaucoup de notre capacité collective à trouver à chacun la meilleure activité possible. Et les réformes qui le permettront ne dépendent que de nous.

Vincent Champain (flt@champain.net), économiste, anime la fondation pour le long terme de l'Institut de l'entreprise.
Antoine Petit est universitaire et directeur général adjoint d'Inria.

samedi, février 25, 2012

Cout du travail, mythes et réalité

1) La France a bien un coût du travail dans la moyenne haute des pays européens


Le graphique suivant montre le coût du travail horaire en Europe en 2008 (dernière date connue) selon Eurostat. La France est apparaît en tête des pays qui disposent d'une base industrielle forte (Allemagne, UK, Italie). La TVA sociale y a un impact : pour un salaire de l'ordre de 2 SMICs, elle réduit le coût de 5 points, ce qui fait passer le coût français après le coût allemand.


Comme le montre le graphique, ce n'est pas considérable si on le rapporte à l'ensemble du coût, mais l'impact symbolique est là : pour les projets sur lesquels France et Allemagne présentent un écosystème comparable, la France sera désormais préférable à l'Allemagne.

2) Évidemment, la TVA sociale a un effet plus réduit sur la concurrence avec les pays à bas coûts

Si l'on ajoute à la comparaison les pays à bas coûts (graphique ci-après), l'impact de la TVA sociale est beaucoup plus négligeable. En effet,l'écart de compétitivité avec des pays tels que la Chine se réglera avant tout par une convergence des salaires, plus avancée d'ailleurs que beaucoup ne le pensent : le salaire de base d'un ouvrier Foxconn en Chine (qui réalise notamment l'assemblage des I-Phones) est comparable à celui des pays d'Europe de l'Est les moins coûteux.


Si l'on extrapole à horizon 2025 et même 2035 (cf graphique ci-après) l'écart d'évolution des salaires constatée entre Shenzhen et la France, on voit que l'écart de coût devrait se réduire très significativement dans la génération à venir. Autrement dit, nos enfants vont connaître les relocalisations !

3) La compétitivité coût du site France est un enjeu qu'on ne peut écarter


On notera, même après TVA sociale, le taux de prélèvements pesant sur le travail reste en France très élevé (ce qui est en partie compensé par des salaires plus bas). Et c'est bien cela qui est visé par une baisse des cotisations : ramener notre taux très élevé de cotisations employeurs à un niveau plus proche de la moyenne des pays comparables.

Car le problème est bien là : des prélèvements qui pèsent en France plus sur le travail que la moyenne des pays comparables. Avec un double effet :
une distorsion défavorable à l'activité (le coût du travail étant l'une des plus mauvaises assiettes pour faire porter des prélèvements, en raison des effets sur le chômage, notamment pour les bas salaires)
une perte de compétitivité. Pour la plupart de ses activités/produits, la France est en concurrence avec des pays comparables, et les augmentations de coûts se traduisent par moins d'activité dans les secteurs en concurrence. Et parmi ces coûts, les salaires, les taxes et la simplicité de l’environnement réglementaire (lourdeur et prévisibilité des règles notamment fiscales ou sociale) sont les plus regardés, car ils sont à la fois les plus visibles, et ceux dont les investisseurs savent qu'ils sont les plus susceptibles d'évoluer d'un pays à l'autre.

En revanche, il est également vrai que la compétitivité hors coûts joue également, notamment dans les secteurs innovants, ou ceux qui peuvent éviter la concurrence frontale sur les coûts, notamment parce qu'ils sont capitalistiques (dans une partie de l'industrie, le coût du travail n'est pas le premier facteur de coût), ou parce qu'ils reposent sur de la propriété intellectuelle ou un savoir-faire difficile à dupliquer (cf graphique ci-dessous).

Rendement des placement : faites confiance aux frais !

Les analystes qui suivent les rendements des fonds savent que la très grande majorité du temps, c'est le niveau des frais qui fait la performance sur le long terme (les écarts annuels de performance étant essentiellement aléatoires, les fonds gagnants d'une année étant les perdants de l'année suivante). Vérification en France :

mardi, février 21, 2012

Le SMIC en Chine (Shenzhen) en dessous des plus bas SMIC européens

Smic à Shenzhen : 240 US Dollars/mois http://news.yahoo.com/china-sets-target-average-13-percent-annual-minimum-065914919.html

Deux pays européens (de l'Est) sont en dessous : http://epp.eurostat.ec.europa.eu/statistics_explained/index.php?title=File%3AMW_EUR_Jan_2012.png&filetimestamp=20120210111747e

NB : Cette comparaison ne tient pas compte du temps de travail...

dimanche, février 19, 2012

Combien de temps faut-il attendre avant que la croissance revienne ?

Pas de réponse automatique à cette question, et les cas présentés ci-après ne traduisent pas de causalité stricte (et on pourrait discuter des conséquences sociales ou en termes de qualité du service public des réformes UK) mais :
a) Sans réformes de fond celà peut être long (20 ans au Japon)
b) Avec des réformes "fortes" (Hartz en Allemagne, Thatcher en UK) on peut avoir des changements en quelques années

dimanche, février 12, 2012

La Chine ou l'Europe, qui pèse le plus économiquement ?

Si la Chine connait une croissance très élevée (10 % en 2010), elle reste d'une taille un peu moins de 3 fois plus petite que l'Europe. Au total - en dehors des périodes de récession - la Chine, l'Europe et les Etats-Unis ont en ce moment une contribution équivalente à la progression de la richesse mondiale. L'impact de la Grèce est marginal : si elle connaissait une croissance de -100%, celà ne réduirait la croissance européenne que de 1,8 points, et la croissance mondiale de 0,5 points.







A plus long terme, la Chine prendra évidemment la tête du peloton, et finira par dépasser en taille comme en croissance...

samedi, février 04, 2012

L'immobilier à Paris, ca ne peut pas baisser !

L'immobilier est le premier actif des français. Et un placement refuge particulièrement prisé dans les périodes de doutes sur les autres actifs.

Peut-on pour autant prédire que "l'immobilier ne baissera jamais" "l'offre est de toutes façons inférieure à la demande" "Paris est différent du reste de la France" ?
A vous de juger !

mardi, janvier 10, 2012

La TVA spatiale ?

La dépense annuelle de mobile en France est d'un peu plus de 20 Milliards. Si la baisse de 50 % de Free leur bénéficie (soit directement, soit parce que leur opérateur s'ajuste), il gagnent l'équivalent d'une baisse de 1,5 points de TVA !

Autrement dit, Free a inventé la "TVA spatiale", puisque celà équivaut à transférer 1,5 points de TVA sur les martiens...