Que faire face au chômage des jeunes ? Notons d'abord que la mesure du taux de chômage des jeunes (23 %) est d'une fiabilité limitée, car la plupart d'entre eux sont exclus de ce calcul : le taux est en effet le rapport entre le nombre de ceux qui cherchent un emploi (6,5 % des jeunes) et le nombre de ceux qui ont fini leurs études (soit moins d'un tiers des jeunes).
De plus, ce taux est, partout, plus élevé que la moyenne. En effet, avant d'occuper un emploi, il faut en chercher un. Or, si les 800 000 jeunes qui arrivent en 2006 comme chaque année sur le marché du travail sont inscrits en moyenne trois mois pour chercher un premier emploi, on compte déjà 200 000 chômeurs jeunes - soit la moitié des 420 000 recensés actuellement. Le chômage des jeunes est donc plus de deux fois supérieur au taux de chômage de l'ensemble de la population dans tous les pays du monde, en France comme aux Etats-Unis.
Par ailleurs, les jeunes sont les "amortisseurs" des ralentissements de la conjoncture, en étant à la fois les premiers licenciés et ceux dont l'embauche est retardée. Ainsi, le nombre de jeunes chômeurs a-t-il baissé de 34 % de mi-1997 à mi-2002 quand le reste du chômage diminuait de 27 %, alors qu'il a progressé de 8 % depuis mi-2002 contre 2 % pour le reste du chômage.
Finalement, on peut distinguer trois types de personnalités politiques qui voudront créer un dispositif ciblé sur le chômage des jeunes. Les "bons" voudront répondre aux difficultés des jeunes exclus (qui n'ont pas le droit au RMI) : le dispositif Trace relèvent de cette logique. Les "brutes" voudront utiliser les jeunes comme "terrain d'expérimentation sociale" : il est plus facile de tenter de baisser leur salaire ou leur protection sociale que celui de ceux qui disposent d'éléments de comparaison. Les "truands" auront une approche "marketing" du chômage abordé par "segments", en fonction du poids électoral des différentes catégories de chômeurs. Ils ne veulent pas résoudre le problème du chômage, mais plutôt donner des signes aux électeurs qui en sont victimes.
Sorti de ces trois motivations, face au chômage des jeunes, il faut aborder deux questions globales : pourquoi des personnes sortant de notre systeme éducatif ne disposent-elles pas des moyens d'avoir un emploi ? pourquoi le chômage en France est-il aussi élevé ?
Je reviendrai sur le premier point dans un autre billet. Notons simplement qu'il faut à la fois que les jeunes sachent des choses utiles pour l'entreprise, mais aussi qu'ils aient un bagage théorique afin qu'ils "sachent apprendre" pour pouvoir acquérir demain les connaissances qui leur seront alors nécessaires.
Le problème de l'emploi appelle à traiter les causes profondes de ce mal, et, notamment, à choisir entre deux voies. La première est le "modèle libéral" : beaucoup de travailleurs pauvres (il y a en a autant aux Etats-Unis qu'il y a de pauvres et de chômeurs réunis en France), des riches plus riches, des pauvres plus pauvres, une cohésion sociale moyenne, mais un système "simple" avec peu de chômeurs, notamment en raison de l'extrême dureté de cette situation. Mais il y a aussi la voie "nordique", qui associe faibles inégalités, faible pauvreté et forte cohésion sociale. Elle suppose d'abord d'encadrer la démarche de recherche d'emploi. Cette tâche exige en effet des compétences et des initiatives qui dépassent en complexité le contenu de bien des emplois : bilan sur soi, connaître le "marché", définir un objectif, se former... Il s'agit d'activités à part entière, difficiles à mener seul. Ensuite, la France a su transformer son industrie, s'ouvrir à l'international ou se doter d'un Smic et d'assurances sociales financées par des cotisations. Ce sont de bons choix, mais ils ont condamné certains emplois sans créer d'emplois de substitution. Pour cela, il aurait fallu solvabiliser des millions d'emplois pour ramener leur coût au "niveau du marché" sans sacrifier le revenu de ceux qui les occupent. Enfin, il faut coordonner notre réponse au chômage, aujourd'hui diluée entre entreprises, Unedic et Etat, et changer un système où l'Etat est compétent pour traiter un chômage dont les ravages se font sentir dans des communes démunies pour y faire face.
Plutôt que de débattre sans fin sur le dernier "contrat bidule" à créer pour les jeunes, c'est donc bien sur les questions de l'éducation et de l'emploi qu'il faudrait amener le débat...
samedi, avril 29, 2006
Les clefs de l'élection 2007 : les idées ou le climat ?
Les candidats et les projets de 2007 ne sont pas encore connus avec certitude. Mais on peut déjà poser un certain nombre d'hypothèses.
Les candidats et les projets de 2007 ne sont pas encore connus avec certitude. Mais on peut déjà poser un certain nombre d'hypothèses.
Hypothèse 1 : le choix final sera entre un candidat de gauche et un candidat de droite
Un scénario similaire à celui de 2002 semble moins probable en 2007, notamment parce que les Français auront compris qu'en raison des règles du scrutin, la dispersion au premier peut priver de choix au second tour. Par ailleurs la politique de sécurité a "rogné" une partie des thèmes et de l'électorat du Front National. Nous aurons donc, au second tour, un (ou une) candidat(e) de gauche, et un candidat de droite.
Hypothèse 2 : ce sera moins un clivage des programmes qu'un clivage des crédibilités
Il est possible – voire probable – que le clivage n'apparaisse pas dans les termes mêmes des discours. Ainsi, le Premier Ministre et le Président de la République ont-ils emprunté à la gauche et aux syndicats le concept de "sécurisation des parcours professionnels". De la même manière, la gauche a évolué dans ses positions vis-à-vis de la sécurité. Quand les discours portent les mêmes thèmes, la différence ne se fait pas sur les concepts, mais sur la crédibilité – quel candidat aura la volonté d'aller au fond du problème, et quel sera celui qui mettra les moyens appropriés ?
Sur cette question, il est probable que la gauche soit plus crédible sur le projet social. Même s'il lui reste à faire des propositions précises, elle a su, par le passé, engager des moyens considérables sur ce terrain. La droite vient, avec le CPE, de jeter un doute sur sa capacité à remplir sa promesse de "flexsécurité à la française" : elle devra a minima renouveler son approche si elle veut convaincre. Mais la droite pourra jouer son avantage sur la sécurité – avec néanmoins, par rapport à 2002, un handicap lié au fait que ce thème puisse se révèler moins efficace (si les Français reconnaissent son action), ou jouer d'une façon partiellement négative (si les Français considère que les résultats ne sont pas au rendez-vous).
A cet égard, la situation sera donc inverse à celui de 2002, lorsque la gauche affichait un bilan de baisse du chômage sans proposer d'action claire pour renouveler cette baisse, tout en étant attaquée sur son action en matière de sécurité.
Il faudra également compter avec le thème de la mondialisation, qui est en filigrane derrière les questions sociales (via la concurrence économique, sociale ou fiscale), et certaines questions de sécurité. Aborder ce thème est difficile, car il faut commencer par avouer que nous n'avons pas fait les choses dans le bon ordre : avant d'ouvrir largement les marchés des biens et des capitaux, il aurait fallu consolider le modèle social ou choisir délibérément un modèle "à l'anglo-saxonne". Par ailleurs, les leviers d'action sont désormais au niveau européen, grippés au moins temporairement par le "non" au référendum. S'il est absolument essentiel de les mobiliser, il sera donc sans doute difficile d'en attendre des résultats visibles à l'horizon d'une législature. Reste que la crédibilité sur ce thème pourra faire office de "joker".
Enfin, puisqu'il s'agira d'un combat des crédibilités, il est possible que la question du bouclage budgétaire des programmes compte plus que les années précédentes. En effet, s'il est impossible de savoir si un candidat a réellement l'intention de tenir ses promesses, il est possible d'indiquer si elles sont compatibles entre elles, ou non, compte tenu des ressources publiques. Le rôle des observateurs extérieurs, dont debat2007.fr, sera particulièrement important pour pousser les candidats à présenter un chiffrage précis du coût de leurs engagements. Il est également possible que, dans ce cadre, les candidats soient alors conduits à expliquer par quelles actions de réforme publique ils trouveront les marges de manœuvre qui leur manquent.
Les candidats et les projets de 2007 ne sont pas encore connus avec certitude. Mais on peut déjà poser un certain nombre d'hypothèses.
Hypothèse 1 : le choix final sera entre un candidat de gauche et un candidat de droite
Un scénario similaire à celui de 2002 semble moins probable en 2007, notamment parce que les Français auront compris qu'en raison des règles du scrutin, la dispersion au premier peut priver de choix au second tour. Par ailleurs la politique de sécurité a "rogné" une partie des thèmes et de l'électorat du Front National. Nous aurons donc, au second tour, un (ou une) candidat(e) de gauche, et un candidat de droite.
Hypothèse 2 : ce sera moins un clivage des programmes qu'un clivage des crédibilités
Il est possible – voire probable – que le clivage n'apparaisse pas dans les termes mêmes des discours. Ainsi, le Premier Ministre et le Président de la République ont-ils emprunté à la gauche et aux syndicats le concept de "sécurisation des parcours professionnels". De la même manière, la gauche a évolué dans ses positions vis-à-vis de la sécurité. Quand les discours portent les mêmes thèmes, la différence ne se fait pas sur les concepts, mais sur la crédibilité – quel candidat aura la volonté d'aller au fond du problème, et quel sera celui qui mettra les moyens appropriés ?
Sur cette question, il est probable que la gauche soit plus crédible sur le projet social. Même s'il lui reste à faire des propositions précises, elle a su, par le passé, engager des moyens considérables sur ce terrain. La droite vient, avec le CPE, de jeter un doute sur sa capacité à remplir sa promesse de "flexsécurité à la française" : elle devra a minima renouveler son approche si elle veut convaincre. Mais la droite pourra jouer son avantage sur la sécurité – avec néanmoins, par rapport à 2002, un handicap lié au fait que ce thème puisse se révèler moins efficace (si les Français reconnaissent son action), ou jouer d'une façon partiellement négative (si les Français considère que les résultats ne sont pas au rendez-vous).
A cet égard, la situation sera donc inverse à celui de 2002, lorsque la gauche affichait un bilan de baisse du chômage sans proposer d'action claire pour renouveler cette baisse, tout en étant attaquée sur son action en matière de sécurité.
Il faudra également compter avec le thème de la mondialisation, qui est en filigrane derrière les questions sociales (via la concurrence économique, sociale ou fiscale), et certaines questions de sécurité. Aborder ce thème est difficile, car il faut commencer par avouer que nous n'avons pas fait les choses dans le bon ordre : avant d'ouvrir largement les marchés des biens et des capitaux, il aurait fallu consolider le modèle social ou choisir délibérément un modèle "à l'anglo-saxonne". Par ailleurs, les leviers d'action sont désormais au niveau européen, grippés au moins temporairement par le "non" au référendum. S'il est absolument essentiel de les mobiliser, il sera donc sans doute difficile d'en attendre des résultats visibles à l'horizon d'une législature. Reste que la crédibilité sur ce thème pourra faire office de "joker".
Enfin, puisqu'il s'agira d'un combat des crédibilités, il est possible que la question du bouclage budgétaire des programmes compte plus que les années précédentes. En effet, s'il est impossible de savoir si un candidat a réellement l'intention de tenir ses promesses, il est possible d'indiquer si elles sont compatibles entre elles, ou non, compte tenu des ressources publiques. Le rôle des observateurs extérieurs, dont debat2007.fr, sera particulièrement important pour pousser les candidats à présenter un chiffrage précis du coût de leurs engagements. Il est également possible que, dans ce cadre, les candidats soient alors conduits à expliquer par quelles actions de réforme publique ils trouveront les marges de manœuvre qui leur manquent.
Hypothèse 3 : c'est le climat début 2007 qui fera la différence
A moins qu'un (ou une) candidat(e) ne se détache largement en apparaissant comme le (la) plus crédible sur le terrain social, c'est en dernier ressort le climat qui tranchera. Si l'insécurité (violences, terrorisme…) domine, la droite pourra l'emporter. Si le climat social (chômage, précarité…) domine, la gauche partira gagnante. Le risque est alors que les candidats emploient davantage d'énergie à instaurer le climat qui leur est le plus favorable, par des actions de communication ou de "spin" plus ou moins avouables, qu'à la recherche de solutions dans les domaines où ils sont les moins crédibles…
A moins qu'un (ou une) candidat(e) ne se détache largement en apparaissant comme le (la) plus crédible sur le terrain social, c'est en dernier ressort le climat qui tranchera. Si l'insécurité (violences, terrorisme…) domine, la droite pourra l'emporter. Si le climat social (chômage, précarité…) domine, la gauche partira gagnante. Le risque est alors que les candidats emploient davantage d'énergie à instaurer le climat qui leur est le plus favorable, par des actions de communication ou de "spin" plus ou moins avouables, qu'à la recherche de solutions dans les domaines où ils sont les moins crédibles…
Un scénario similaire à celui de 2002 semble moins probable en 2007, notamment parce que les Français auront compris qu'en raison des règles du scrutin, la dispersion au premier peut priver de choix au second tour. Par ailleurs la politique de sécurité a "rogné" une partie des thèmes et de l'électorat du Front National. Nous aurons donc, au second tour, un (ou une) candidat(e) de gauche, et un candidat de droite.
Hypothèse 2 : ce sera moins un clivage des programmes qu'un clivage des crédibilités
Il est possible – voire probable – que le clivage n'apparaisse pas dans les termes mêmes des discours. Ainsi, le Premier Ministre et le Président de la République ont-ils emprunté à la gauche et aux syndicats le concept de "sécurisation des parcours professionnels". De la même manière, la gauche a évolué dans ses positions vis-à-vis de la sécurité. Quand les discours portent les mêmes thèmes, la différence ne se fait pas sur les concepts, mais sur la crédibilité – quel candidat aura la volonté d'aller au fond du problème, et quel sera celui qui mettra les moyens appropriés ?
Sur cette question, il est probable que la gauche soit plus crédible sur le projet social. Même s'il lui reste à faire des propositions précises, elle a su, par le passé, engager des moyens considérables sur ce terrain. La droite vient, avec le CPE, de jeter un doute sur sa capacité à remplir sa promesse de "flexsécurité à la française" : elle devra a minima renouveler son approche si elle veut convaincre. Mais la droite pourra jouer son avantage sur la sécurité – avec néanmoins, par rapport à 2002, un handicap lié au fait que ce thème puisse se révèler moins efficace (si les Français reconnaissent son action), ou jouer d'une façon partiellement négative (si les Français considère que les résultats ne sont pas au rendez-vous).
A cet égard, la situation sera donc inverse à celui de 2002, lorsque la gauche affichait un bilan de baisse du chômage sans proposer d'action claire pour renouveler cette baisse, tout en étant attaquée sur son action en matière de sécurité.
Il faudra également compter avec le thème de la mondialisation, qui est en filigrane derrière les questions sociales (via la concurrence économique, sociale ou fiscale), et certaines questions de sécurité. Aborder ce thème est difficile, car il faut commencer par avouer que nous n'avons pas fait les choses dans le bon ordre : avant d'ouvrir largement les marchés des biens et des capitaux, il aurait fallu consolider le modèle social ou choisir délibérément un modèle "à l'anglo-saxonne". Par ailleurs, les leviers d'action sont désormais au niveau européen, grippés au moins temporairement par le "non" au référendum. S'il est absolument essentiel de les mobiliser, il sera donc sans doute difficile d'en attendre des résultats visibles à l'horizon d'une législature. Reste que la crédibilité sur ce thème pourra faire office de "joker".
Enfin, puisqu'il s'agira d'un combat des crédibilités, il est possible que la question du bouclage budgétaire des programmes compte plus que les années précédentes. En effet, s'il est impossible de savoir si un candidat a réellement l'intention de tenir ses promesses, il est possible d'indiquer si elles sont compatibles entre elles, ou non, compte tenu des ressources publiques. Le rôle des observateurs extérieurs, dont debat2007.fr, sera particulièrement important pour pousser les candidats à présenter un chiffrage précis du coût de leurs engagements. Il est également possible que, dans ce cadre, les candidats soient alors conduits à expliquer par quelles actions de réforme publique ils trouveront les marges de manœuvre qui leur manquent.
Hypothèse 3 : c'est le climat début 2007 qui fera la différence
A moins qu'un (ou une) candidat(e) ne se détache largement en apparaissant comme le (la) plus crédible sur le terrain social, c'est en dernier ressort le climat qui tranchera. Si l'insécurité (violences, terrorisme…) domine, la droite pourra l'emporter. Si le climat social (chômage, précarité…) domine, la gauche partira gagnante. Le risque est alors que les candidats emploient davantage d'énergie à instaurer le climat qui leur est le plus favorable, par des actions de communication ou de "spin" plus ou moins avouables, qu'à la recherche de solutions dans les domaines où ils sont les moins crédibles…
Les candidats et les projets de 2007 ne sont pas encore connus avec certitude. Mais on peut déjà poser un certain nombre d'hypothèses.
Hypothèse 1 : le choix final sera entre un candidat de gauche et un candidat de droite
Un scénario similaire à celui de 2002 semble moins probable en 2007, notamment parce que les Français auront compris qu'en raison des règles du scrutin, la dispersion au premier peut priver de choix au second tour. Par ailleurs la politique de sécurité a "rogné" une partie des thèmes et de l'électorat du Front National. Nous aurons donc, au second tour, un (ou une) candidat(e) de gauche, et un candidat de droite.
Hypothèse 2 : ce sera moins un clivage des programmes qu'un clivage des crédibilités
Il est possible – voire probable – que le clivage n'apparaisse pas dans les termes mêmes des discours. Ainsi, le Premier Ministre et le Président de la République ont-ils emprunté à la gauche et aux syndicats le concept de "sécurisation des parcours professionnels". De la même manière, la gauche a évolué dans ses positions vis-à-vis de la sécurité. Quand les discours portent les mêmes thèmes, la différence ne se fait pas sur les concepts, mais sur la crédibilité – quel candidat aura la volonté d'aller au fond du problème, et quel sera celui qui mettra les moyens appropriés ?
Sur cette question, il est probable que la gauche soit plus crédible sur le projet social. Même s'il lui reste à faire des propositions précises, elle a su, par le passé, engager des moyens considérables sur ce terrain. La droite vient, avec le CPE, de jeter un doute sur sa capacité à remplir sa promesse de "flexsécurité à la française" : elle devra a minima renouveler son approche si elle veut convaincre. Mais la droite pourra jouer son avantage sur la sécurité – avec néanmoins, par rapport à 2002, un handicap lié au fait que ce thème puisse se révèler moins efficace (si les Français reconnaissent son action), ou jouer d'une façon partiellement négative (si les Français considère que les résultats ne sont pas au rendez-vous).
A cet égard, la situation sera donc inverse à celui de 2002, lorsque la gauche affichait un bilan de baisse du chômage sans proposer d'action claire pour renouveler cette baisse, tout en étant attaquée sur son action en matière de sécurité.
Il faudra également compter avec le thème de la mondialisation, qui est en filigrane derrière les questions sociales (via la concurrence économique, sociale ou fiscale), et certaines questions de sécurité. Aborder ce thème est difficile, car il faut commencer par avouer que nous n'avons pas fait les choses dans le bon ordre : avant d'ouvrir largement les marchés des biens et des capitaux, il aurait fallu consolider le modèle social ou choisir délibérément un modèle "à l'anglo-saxonne". Par ailleurs, les leviers d'action sont désormais au niveau européen, grippés au moins temporairement par le "non" au référendum. S'il est absolument essentiel de les mobiliser, il sera donc sans doute difficile d'en attendre des résultats visibles à l'horizon d'une législature. Reste que la crédibilité sur ce thème pourra faire office de "joker".
Enfin, puisqu'il s'agira d'un combat des crédibilités, il est possible que la question du bouclage budgétaire des programmes compte plus que les années précédentes. En effet, s'il est impossible de savoir si un candidat a réellement l'intention de tenir ses promesses, il est possible d'indiquer si elles sont compatibles entre elles, ou non, compte tenu des ressources publiques. Le rôle des observateurs extérieurs, dont debat2007.fr, sera particulièrement important pour pousser les candidats à présenter un chiffrage précis du coût de leurs engagements. Il est également possible que, dans ce cadre, les candidats soient alors conduits à expliquer par quelles actions de réforme publique ils trouveront les marges de manœuvre qui leur manquent.
Les candidats et les projets de 2007 ne sont pas encore connus avec certitude. Mais on peut déjà poser un certain nombre d'hypothèses.
Hypothèse 1 : le choix final sera entre un candidat de gauche et un candidat de droite
Un scénario similaire à celui de 2002 semble moins probable en 2007, notamment parce que les Français auront compris qu'en raison des règles du scrutin, la dispersion au premier peut priver de choix au second tour. Par ailleurs la politique de sécurité a "rogné" une partie des thèmes et de l'électorat du Front National. Nous aurons donc, au second tour, un (ou une) candidat(e) de gauche, et un candidat de droite.
Hypothèse 2 : ce sera moins un clivage des programmes qu'un clivage des crédibilités
Il est possible – voire probable – que le clivage n'apparaisse pas dans les termes mêmes des discours. Ainsi, le Premier Ministre et le Président de la République ont-ils emprunté à la gauche et aux syndicats le concept de "sécurisation des parcours professionnels". De la même manière, la gauche a évolué dans ses positions vis-à-vis de la sécurité. Quand les discours portent les mêmes thèmes, la différence ne se fait pas sur les concepts, mais sur la crédibilité – quel candidat aura la volonté d'aller au fond du problème, et quel sera celui qui mettra les moyens appropriés ?
Sur cette question, il est probable que la gauche soit plus crédible sur le projet social. Même s'il lui reste à faire des propositions précises, elle a su, par le passé, engager des moyens considérables sur ce terrain. La droite vient, avec le CPE, de jeter un doute sur sa capacité à remplir sa promesse de "flexsécurité à la française" : elle devra a minima renouveler son approche si elle veut convaincre. Mais la droite pourra jouer son avantage sur la sécurité – avec néanmoins, par rapport à 2002, un handicap lié au fait que ce thème puisse se révèler moins efficace (si les Français reconnaissent son action), ou jouer d'une façon partiellement négative (si les Français considère que les résultats ne sont pas au rendez-vous).
A cet égard, la situation sera donc inverse à celui de 2002, lorsque la gauche affichait un bilan de baisse du chômage sans proposer d'action claire pour renouveler cette baisse, tout en étant attaquée sur son action en matière de sécurité.
Il faudra également compter avec le thème de la mondialisation, qui est en filigrane derrière les questions sociales (via la concurrence économique, sociale ou fiscale), et certaines questions de sécurité. Aborder ce thème est difficile, car il faut commencer par avouer que nous n'avons pas fait les choses dans le bon ordre : avant d'ouvrir largement les marchés des biens et des capitaux, il aurait fallu consolider le modèle social ou choisir délibérément un modèle "à l'anglo-saxonne". Par ailleurs, les leviers d'action sont désormais au niveau européen, grippés au moins temporairement par le "non" au référendum. S'il est absolument essentiel de les mobiliser, il sera donc sans doute difficile d'en attendre des résultats visibles à l'horizon d'une législature. Reste que la crédibilité sur ce thème pourra faire office de "joker".
Enfin, puisqu'il s'agira d'un combat des crédibilités, il est possible que la question du bouclage budgétaire des programmes compte plus que les années précédentes. En effet, s'il est impossible de savoir si un candidat a réellement l'intention de tenir ses promesses, il est possible d'indiquer si elles sont compatibles entre elles, ou non, compte tenu des ressources publiques. Le rôle des observateurs extérieurs, dont debat2007.fr, sera particulièrement important pour pousser les candidats à présenter un chiffrage précis du coût de leurs engagements. Il est également possible que, dans ce cadre, les candidats soient alors conduits à expliquer par quelles actions de réforme publique ils trouveront les marges de manœuvre qui leur manquent.
Hypothèse 3 : c'est le climat début 2007 qui fera la différence
A moins qu'un (ou une) candidat(e) ne se détache largement en apparaissant comme le (la) plus crédible sur le terrain social, c'est en dernier ressort le climat qui tranchera. Si l'insécurité (violences, terrorisme…) domine, la droite pourra l'emporter. Si le climat social (chômage, précarité…) domine, la gauche partira gagnante. Le risque est alors que les candidats emploient davantage d'énergie à instaurer le climat qui leur est le plus favorable, par des actions de communication ou de "spin" plus ou moins avouables, qu'à la recherche de solutions dans les domaines où ils sont les moins crédibles…
A moins qu'un (ou une) candidat(e) ne se détache largement en apparaissant comme le (la) plus crédible sur le terrain social, c'est en dernier ressort le climat qui tranchera. Si l'insécurité (violences, terrorisme…) domine, la droite pourra l'emporter. Si le climat social (chômage, précarité…) domine, la gauche partira gagnante. Le risque est alors que les candidats emploient davantage d'énergie à instaurer le climat qui leur est le plus favorable, par des actions de communication ou de "spin" plus ou moins avouables, qu'à la recherche de solutions dans les domaines où ils sont les moins crédibles…
Un scénario similaire à celui de 2002 semble moins probable en 2007, notamment parce que les Français auront compris qu'en raison des règles du scrutin, la dispersion au premier peut priver de choix au second tour. Par ailleurs la politique de sécurité a "rogné" une partie des thèmes et de l'électorat du Front National. Nous aurons donc, au second tour, un (ou une) candidat(e) de gauche, et un candidat de droite.
Hypothèse 2 : ce sera moins un clivage des programmes qu'un clivage des crédibilités
Il est possible – voire probable – que le clivage n'apparaisse pas dans les termes mêmes des discours. Ainsi, le Premier Ministre et le Président de la République ont-ils emprunté à la gauche et aux syndicats le concept de "sécurisation des parcours professionnels". De la même manière, la gauche a évolué dans ses positions vis-à-vis de la sécurité. Quand les discours portent les mêmes thèmes, la différence ne se fait pas sur les concepts, mais sur la crédibilité – quel candidat aura la volonté d'aller au fond du problème, et quel sera celui qui mettra les moyens appropriés ?
Sur cette question, il est probable que la gauche soit plus crédible sur le projet social. Même s'il lui reste à faire des propositions précises, elle a su, par le passé, engager des moyens considérables sur ce terrain. La droite vient, avec le CPE, de jeter un doute sur sa capacité à remplir sa promesse de "flexsécurité à la française" : elle devra a minima renouveler son approche si elle veut convaincre. Mais la droite pourra jouer son avantage sur la sécurité – avec néanmoins, par rapport à 2002, un handicap lié au fait que ce thème puisse se révèler moins efficace (si les Français reconnaissent son action), ou jouer d'une façon partiellement négative (si les Français considère que les résultats ne sont pas au rendez-vous).
A cet égard, la situation sera donc inverse à celui de 2002, lorsque la gauche affichait un bilan de baisse du chômage sans proposer d'action claire pour renouveler cette baisse, tout en étant attaquée sur son action en matière de sécurité.
Il faudra également compter avec le thème de la mondialisation, qui est en filigrane derrière les questions sociales (via la concurrence économique, sociale ou fiscale), et certaines questions de sécurité. Aborder ce thème est difficile, car il faut commencer par avouer que nous n'avons pas fait les choses dans le bon ordre : avant d'ouvrir largement les marchés des biens et des capitaux, il aurait fallu consolider le modèle social ou choisir délibérément un modèle "à l'anglo-saxonne". Par ailleurs, les leviers d'action sont désormais au niveau européen, grippés au moins temporairement par le "non" au référendum. S'il est absolument essentiel de les mobiliser, il sera donc sans doute difficile d'en attendre des résultats visibles à l'horizon d'une législature. Reste que la crédibilité sur ce thème pourra faire office de "joker".
Enfin, puisqu'il s'agira d'un combat des crédibilités, il est possible que la question du bouclage budgétaire des programmes compte plus que les années précédentes. En effet, s'il est impossible de savoir si un candidat a réellement l'intention de tenir ses promesses, il est possible d'indiquer si elles sont compatibles entre elles, ou non, compte tenu des ressources publiques. Le rôle des observateurs extérieurs, dont debat2007.fr, sera particulièrement important pour pousser les candidats à présenter un chiffrage précis du coût de leurs engagements. Il est également possible que, dans ce cadre, les candidats soient alors conduits à expliquer par quelles actions de réforme publique ils trouveront les marges de manœuvre qui leur manquent.
Hypothèse 3 : c'est le climat début 2007 qui fera la différence
A moins qu'un (ou une) candidat(e) ne se détache largement en apparaissant comme le (la) plus crédible sur le terrain social, c'est en dernier ressort le climat qui tranchera. Si l'insécurité (violences, terrorisme…) domine, la droite pourra l'emporter. Si le climat social (chômage, précarité…) domine, la gauche partira gagnante. Le risque est alors que les candidats emploient davantage d'énergie à instaurer le climat qui leur est le plus favorable, par des actions de communication ou de "spin" plus ou moins avouables, qu'à la recherche de solutions dans les domaines où ils sont les moins crédibles…
Politiques de l'emploi : l'éternel retour...
En politique, les vraies différences ne se font pas sur les concepts, mais sur les moyens et la volonté. "Ce que tu veux, veux-le de telle manière que tu puisses en vouloir le retour éternel". Appliquons cette règle aux politiques de l'emploi : que faudrait-il refaire et ne pas refaire ?
Ce que nous ne referions pas, ce sont les dispositifs qui naissent en fanfare et meurent dans l'indifférence - le contrat de "transition professionnelle", par exemple, qui s'adresse aux manifestations les plus médiatiques du chômage (les licenciements économiques) plutôt qu'à ses causes profondes.
Ce que nous referions sont les "piliers" des politiques de l'emploi : les allégements du coût du travail ; les dispositifs d'accompagnement renforcé qui aident des chômeurs privés de repères à encadrer leur recherche ; les emplois aidés, créés "sur mesure" pour ceux qui ne peuvent accéder directement à un emploi "normal" (chômeurs de longue durée, handicapés...). Ces piliers sont nécessaires pour avoir une économie qui produise ce que le marché ne génère pas : une baisse des inégalités et une certaine solidarité nationale face au chômage. Ils reviennent donc, en ordre dispersé, à chaque législature. Ils sont parfois opposés, alors qu'il est possible de les intégrer dans une réforme qui attaquerait les causes profondes du chômage.
Pour vaincre le chômage, il faut trois choses.
D'abord, encadrer la démarche des demandeurs d'emploi. Leur tâche demande en effet des connaissances, et des initiatives qui dépassent en complexité le contenu de bien des emplois - faire un bilan sur soi-même, connaître le "marché" et ses évolutions, définir un objectif, se former... - et est difficile à mener seul.
Ensuite, la France a su transformer son industrie, s'ouvrir à l'international ou se doter d'un SMIC et d'assurances sociales financées par des cotisations. Ce sont de bons choix, mais ils ont condamné certains emplois sans créer des emplois de substitution. Pour cela, il aurait fallu solvabiliser des millions d'emplois, pour ramener leur coût au "niveau du marché" sans sacrifier le revenu de ceux qui les occupent. Certes, les allégements de cotisations ont ce but, mais ils sont ciblés grossièrement, sur des entreprises et des salariés définis par circulaires administratives !
Enfin, il faut coordonner notre réponse au chômage, aujourd'hui diluée entre entreprises, Unedic et Etat. Par ailleurs, l'Etat est compétent pour traiter un chômage dont les ravages se font sentir dans des communes démunies pour y faire face. Notre proposition part de ces constats, et du principe qu'une recherche d'emploi active est une activité socialement utile. Nous proposons ainsi un véritable statut de chercheur d'emploi : un "contrat d'évolution", un encadrement par un "coach", une formation et un "revenu d'évolution".
Pour que chacun évolue vers un emploi productif, il faut aller plus loin. Tout système social définit un "employeur de dernier ressort", pour ceux qui ne trouvent pas d'emploi. Dans la société de marché, cette responsabilité revient à l'individu. Au Japon, les sous-traitants de grands groupes jouent ce rôle. Nous proposons que cette mission soit confiée à une agence dans chacun de nos 350 bassins d'emploi, qui aurait autorité sur le service public de l'emploi, et contractualiserait avec les chômeurs. Elle pourrait déléguer cette responsabilité à des structures d'accompagnement vers l'emploi productif : entreprises partenaires, groupements d'employeurs, structures d'aide à la création d'activité, centres d'aide pour handicapés... Cette réforme remplacerait la moitié des dépenses actuelles pour l'emploi. Son surcoût, environ 2% du PIB, équivaut au coût des baisses d'impôt promises par l'actuelle majorité. Elle pose une question simple : la France veut-elle réduire son chômage et réduire ses impôts ensuite, ou risquer de n'avoir aucun des deux, faute d'avoir contenu ses déficits sociaux ?
Ce que nous ne referions pas, ce sont les dispositifs qui naissent en fanfare et meurent dans l'indifférence - le contrat de "transition professionnelle", par exemple, qui s'adresse aux manifestations les plus médiatiques du chômage (les licenciements économiques) plutôt qu'à ses causes profondes.
Ce que nous referions sont les "piliers" des politiques de l'emploi : les allégements du coût du travail ; les dispositifs d'accompagnement renforcé qui aident des chômeurs privés de repères à encadrer leur recherche ; les emplois aidés, créés "sur mesure" pour ceux qui ne peuvent accéder directement à un emploi "normal" (chômeurs de longue durée, handicapés...). Ces piliers sont nécessaires pour avoir une économie qui produise ce que le marché ne génère pas : une baisse des inégalités et une certaine solidarité nationale face au chômage. Ils reviennent donc, en ordre dispersé, à chaque législature. Ils sont parfois opposés, alors qu'il est possible de les intégrer dans une réforme qui attaquerait les causes profondes du chômage.
Pour vaincre le chômage, il faut trois choses.
D'abord, encadrer la démarche des demandeurs d'emploi. Leur tâche demande en effet des connaissances, et des initiatives qui dépassent en complexité le contenu de bien des emplois - faire un bilan sur soi-même, connaître le "marché" et ses évolutions, définir un objectif, se former... - et est difficile à mener seul.
Ensuite, la France a su transformer son industrie, s'ouvrir à l'international ou se doter d'un SMIC et d'assurances sociales financées par des cotisations. Ce sont de bons choix, mais ils ont condamné certains emplois sans créer des emplois de substitution. Pour cela, il aurait fallu solvabiliser des millions d'emplois, pour ramener leur coût au "niveau du marché" sans sacrifier le revenu de ceux qui les occupent. Certes, les allégements de cotisations ont ce but, mais ils sont ciblés grossièrement, sur des entreprises et des salariés définis par circulaires administratives !
Enfin, il faut coordonner notre réponse au chômage, aujourd'hui diluée entre entreprises, Unedic et Etat. Par ailleurs, l'Etat est compétent pour traiter un chômage dont les ravages se font sentir dans des communes démunies pour y faire face. Notre proposition part de ces constats, et du principe qu'une recherche d'emploi active est une activité socialement utile. Nous proposons ainsi un véritable statut de chercheur d'emploi : un "contrat d'évolution", un encadrement par un "coach", une formation et un "revenu d'évolution".
Pour que chacun évolue vers un emploi productif, il faut aller plus loin. Tout système social définit un "employeur de dernier ressort", pour ceux qui ne trouvent pas d'emploi. Dans la société de marché, cette responsabilité revient à l'individu. Au Japon, les sous-traitants de grands groupes jouent ce rôle. Nous proposons que cette mission soit confiée à une agence dans chacun de nos 350 bassins d'emploi, qui aurait autorité sur le service public de l'emploi, et contractualiserait avec les chômeurs. Elle pourrait déléguer cette responsabilité à des structures d'accompagnement vers l'emploi productif : entreprises partenaires, groupements d'employeurs, structures d'aide à la création d'activité, centres d'aide pour handicapés... Cette réforme remplacerait la moitié des dépenses actuelles pour l'emploi. Son surcoût, environ 2% du PIB, équivaut au coût des baisses d'impôt promises par l'actuelle majorité. Elle pose une question simple : la France veut-elle réduire son chômage et réduire ses impôts ensuite, ou risquer de n'avoir aucun des deux, faute d'avoir contenu ses déficits sociaux ?
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